Psychanalyse : la découverte de l’inconscient
‘L’Armoire aux livres’
Une profanation..
Vestiges de la tombe royale de la ville d’Ur,
commentés par Wilfred Bion
Wilfred. R. BION : Entretiens Psychanalytiques, traduit de l’anglais par Brigitte Bost, Copyright Editions Gallimard pour la traduction française, 1980.
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L’auteur expose ce qu’il nomme ‘une fable’, se présentant comme ‘un récit historique’ : dans le Cimetière royal d’Ur, à la mort du roi, toute la cour se donna la mort en buvant une coupe de poison retrouvée ensuite auprès de chacun de ses membres.
Quatre cents ans ans plus tard, ces tombes furent pillées : W. Bion vit dans ces voleurs ‘les pères de la méthode scientifique’, car ‘les premiers, ils avaient osé forcer les sentinelles spirituelles des morts et de leurs prêtres.’
« Rien ne nous permet de deviner ce qu’ont ressenti les pilleurs de tombes en question, mais je pense qu’ils devaient être braves pour oser ainsi dérober des trésors cachés en un lieu qui était gardé par des esprits mauvais et dangereux. C’est la même chose en psychanalyse : lorsque nous nous approchons de l’inconscient – c’est-à-dire de ce que nous ne connaissons pas, non de ce que nous connaissons –nous, patient et analyste, sommes sûrs d’être perturbés. Quiconque s’apprête à voir un patient demain doit, à un moment quelconque, éprouver de la peur. Il devrait se trouver dans tout cabinet de consultation deux individus assez effrayés : le patient et le psychanalyste. S’ils ne le sont pas, pourquoi se soucieraient-ils de découvrir ce que tout le monde sait ? »
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Ur, vestiges retrouvés
Il est au plus près de l’esprit de Freud, ce psychanalyste inspiré, Wilfred Bion, qui compare l’approche de l’Inconscient à la profanation d’une tombe, qui plus est, sacrée ; qui loue l’audace de l’investigation scientifique en en revivifiant la nature : la transgression d’un territoire bouclé et destiné à le rester. Freud n’emploie-t-il pas lui-même, dès le premier paragraphe du « Souvenir d’enfance de Léonard de Vinci » le mot « Schande » , qui veut dire « dommage » , mais se trouve aussi très proche de « Schändung » , qui signifie « profanation » .
Il avait conscience de s’approcher d’un domaine autrefois considéré comme « autre » : celui des rêves relevant des Dieux et ne devant être approché que par les prêtres, celui de l’imagination — ‘la folle du logis’, pour Pascal—étant réservé aux représentants de l’Art.
C’était restituer le scandale procuré par l’invention de la psychanalyse : un scandale surtout causé par le dévoilement de l’imaginaire, son exploration, son essai d’analyse,
comme Icare se rapprochant du soleil, le soleil noir des poètes et des artistes en général, de l’Inconnu dans l’esprit, celui de l’Inconscient.